14 de noviembre de 2024

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Témoins de phénomènes inexpliqués : “Il y a très peu de canulars”, selon Pierre Lagrange, sociologue des scien

Témoins de phénomènes inexpliqués : «Il y a très peu de canulars», selon Pierre Lagrange, sociologue des scien

l'essentiel Pierre Lagrange, sociologue des sciences étudie  la distinction entre pensée scientifique et pensée magique. Il livre son regard sur le phénomène "ovni" depuis son apparition à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il anime la chaîne youtube "projet crank".  Comment est né le phénomène ovnis ? Tout commence aux Etats-Unis. En 1947, Kenneth Arnold rapporte

l’essentiel
Pierre Lagrange, sociologue des sciences étudie  la distinction entre pensée scientifique et pensée magique. Il livre son regard sur le phénomène «ovni» depuis son apparition à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il anime la chaîne youtube «projet crank». 

Comment est né le phénomène ovnis ?

Tout commence aux Etats-Unis. En 1947, Kenneth Arnold rapporte dans un journal local avoir vu en vol des objets se déplaçant au-delà de la vitesse du son. Il imagine que cela peut être des armes secrètes de l’armée. La nouvelle est reprise par l’intégralité de la presse mais aucun journaliste ne prend la peine de se rendre sur place pour vérifier les infos.

L’histoire est tronquée. On raconte que les journalistes attendaient le pilote à son atterrissage, c’est totalement faux. Contrairement à ce que l’on pense aujourd’hui, ce n’est pas le contexte de la guerre froide ou une forme de crédulité qui a fait le succès de cette histoire. En très grande majorité, les médias et la population se moquent de lui. On passe très rapidement d’une interrogation sur les armes secrètes à une discussion sur les hallucinations.

Y a-t-il une évolution significative dans les contenus des témoignages au fil du temps ?

Au départ, les récits sur les soucoupes volantes se limitent à des observations célestes. Avec le temps, ils se complexifient. Dans les années 50, les témoins décrivent des choses posées au sol, puis des créatures. Bien sûr, il y a des canulars mais ils sont rares. Les gens relatent honnêtement ce qu’ils ont vu. Puis on commence à entendre des gens qui disent avoir été enlevés par des extraterrestres. En 1966, le couple Barney explique avoir observé quelque chose dans le ciel et quand ils reviennent chez eux, ils se rendent compte qu’ils ont un trou dans leur emploi du temps. Ils font des cauchemars en série. Ils vont voir un psy qui les place sous hypnose et ils se mettent à raconter un récit précis d’un enlèvement extraterrestre. Dans les décades suivantes, ce genre de témoignages se multiplient.

Les ufologues peuvent-ils être caractérisés sociologiquement ?

Ce sont majoritairement des hommes, des personnes qui ont souvent fait des études et qui ont une grande curiosité pour les questions scientifiques et tout ce qui concerne la nature. Majoritairement, ils ont une vision rationaliste des dossiers.

Le grand basculement

À l’origine, les premiers témoignages remontent au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le phénomène est raillé par la presse dite « sérieuse » et dénigré par les scientifiques. Pour Pierre Lagrange, sociologue des sciences et auteur d’ouvrages comme « La rumeur Roswell ou « Ovnis. Ce qu’ILS ne veulent pas que vous sachiez, ce mépris pour les « phénomènes inexpliqués » est bel et bien terminé. « Le point de bascule, c’est 2017. À cette époque, le New York Times publie un article qui révèle une série d’observations qui ont été faites depuis des bâtiments de la marine américaine notamment du porte-avions Nimitz. Après cette publication, le discours qui consiste à se moquer de ce genre de choses disparaît. La population est un peu désarçonnée parce que des gens comme Obama, Clinton ou les responsables de la CIA ou de la NSA vont commencer à parler sérieusement du sujet. »