l’essentiel
Ingénieur en constructions aéronautiques, il préside au sein de l’association aéronautique et astronautique de France la commission Sigma 2, chargée de l’analyse scientifique et technique des cas de phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN). Pour cet esprit cartésien, certains phénomènes observés de par le monde peuvent laisser penser à la manifestation de technologies inconnues de l’Homme. Il vient de publier «Ovnis», un livre consacré à ces observations.
Que s’est-il passé pour vous en 2011, sur l’autoroute A10 ?
Je partais en week-end vers Orléans avec des amis. Je ne conduisais pas et je regardais le ciel lorsque j’ai vu passer une sorte de tache lumineuse de taille assez importante, blanchâtre, avec un rayonnement vert vers l’arrière, qui se déplaçait de manière horizontale. Sur le moment, je me suis dit «ça doit être une hallucination ou un reflet dans la vitre.» Sauf que les autres passagers l’avaient également vu, et que nous n’avons plus parlé que de ça ! J’étais d’autant plus perplexe que, compte tenu de ma formation, je sais ce qu’est une rentrée dans l’atmosphère, à quoi ça peut ressembler. Là, c’était très différent. J’ai donc rédigé un signalement à l’attention du Geipan (1), puis la discussion avec mes amis a porté sur le rapport «Cometa», que je ne connaissais pas.
En quoi consistait ce rapport et que disait-il ?
C’est un rapport remis en 1999 à Lionel Jospin et Jacques Chirac, qui conclue à «la réalité physique quasi certaine d’objets volants totalement inconnus». Ce que je découvre alors, c’est que les membres de Cometa sont des gens que je connais pour certains d’entre eux, qui sont des spécialistes de l’espace, d’anciens hauts gradés de l’armée de l’air… Bref, des gens sérieux, qui ont autre chose à faire que de s’amuser à spéculer sur les extraterrestres. De cette observation fortuite sur l’autoroute, je me suis donc retrouvé à découvrir les travaux menés sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN), jusqu’à présider aujourd’hui la commission Sigma 2, qui réunit des spécialistes afin d’étudier les PAN. Et cela alors que je n’ai jamais été spécialement fasciné par ces questions !
Qu’avez-vous découvert de particulier au long de ces années ?
Qu’il y a des phénomènes plus qu’intrigants, qui invitent à regarder le sujet de plus près. Notre travail consiste justement à réunir les informations et à les analyser afin d’essayer d’apporter des explications à ces phénomènes. Nous avons une équipe constituée de spécialistes de la foudre, des micro-ondes, du rayonnement électromagnétique, des plasmas, des systèmes aéronautiques, de la défense aérienne, d’anciens militaires, des pilotes de chasse, des biologistes…
Comment les autres pays abordent-ils ce sujet ? Notamment les États-Unis ?
Les événements qui surviennent aux Etats-Unis ont longtemps fait l’objet d’une omerta, essentiellement au niveau de l’armée. On constate toutefois une inflexion de cette doctrine : le Congrès s’est saisi du dossier, avec la volonté d’éclairer le sujet à travers la mise en place d’une commission, laquelle a d’ailleurs elle-même du mal à accéder aux informations comme celles relatives à l’affaire Nimitz.
En quoi consiste cette affaire Nimitz ?
En 2004, un groupe aéronaval fait des manœuvres au large de San Diego. Dès le premier jour, ils observent des traces radars bizarres à haute altitude. Une patrouille est envoyée sur zone et observe, cette fois au niveau de la mer, un objet en forme de «Tic-Tac». Une deuxième patrouille constate que l’objet exécute des manœuvres extrêmement rapides. Une troisième arrive à le filmer avec une caméra thermique. Ces images, étrangement, ne sont pas classifiées et finissent par susciter un buzz énorme au moment de leur diffusion.
Vous faites état d’observations réalisées à proximité d’installations sensibles, telles que des silos à missile. C’est tout de même préoccupant, non ?
En 1981, en France, il y a eu un survol du plateau d’Albion qui a été documenté par le Cnes (2). Un an avant, dans le village de Saint-Christol, proche du même plateau d’Albion, des commandos chargés de la surveillance du site ont observé pendant plusieurs heures des sphères lumineuses de couleur orangée qui bougeaient, se rapprochaient, pulsaient. Aux Etats-Unis, beaucoup de cas de survol ont été observés sur des bases abritant des silos proches de la frontière canadienne, et sont d’ailleurs examinés aujourd’hui par le Congrès.
Que se passe-t-il lors de ces «visites» ?
On rapporte lors de ces événements aux États-Unis des coupures de communication voire l’ouverture inopinée et incontrôlable de portes de silos à missile. Nous parlons là de rapports officiels, de témoignages sous serment, sachant que les Américains ne plaisantent pas avec ça. Des phénomènes similaires ont été signalés en Ukraine et en Russie. On peut en sourire, mais il existe des traces radars de ces événements, des rapports, des enregistrements électroniques d’objets suivant des bombardiers américains B52…
Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé en Angleterre en 1956 puis en France, en 1957 ?
Le cas de Lakenheath, en Angleterre, est un cas de référence puisqu’il est constitué d’observations directes, de tracés radars, et qu’il a duré plusieurs heures. Ce qu’il relate, c’est la présence de deux objets lumineux qui se déplacent de manière incroyable : une vitesse de plus de 6 000 km/h, aucune inertie, pas de trace de combustion… Technologiquement, nous ne savons pas faire cela, et nous le savions encore moins en 1956. En France, cela s’est produit près de la base de Cognac. Un rapport de l’armée fait état de deux traces radar enregistrées à trente minutes d’intervalle, qui signalent un vol à 2 800 km/h, à une altitude inférieure à 5 000 mètres. Or, non seulement c’est improbable sur le plan de la technologie de l’époque, mais cela aurait dû faire énormément de bruit en raison des bangs supersoniques. Il n’y a eu aucun bruit.
Quand on est un ingénieur en aéronautique comme vous et qu’on analyse ces données factuelles, qu’est-ce qu’on se dit ?
On se dit qu’on a affaire à des choses qu’on ne connaît pas. Et qui peuvent ressembler dans certains cas à des objets d’origine technologique.
Vous vous étonnez que nous financions l’exploration spatiale mais que l’examen de ce qui se produit dans notre «proche banlieue» ne récolte presque rien. Pourquoi ?
C’est un sujet qui est un peu galvaudé par les autorités. Certains traitements journalistiques ont également pu donner l’impression que c’était un sujet réservé à des illuminés. Le milieu scientifique, lui, traite la question avec une forme de mépris. Avi Loeb, astrophysicien de l’université de Harvard, ami et collègue de Stephen Hawking, est parfois moqué pour son projet d’observation des phénomènes aérospatiaux non identifiés. C’est regrettable, parce que je suis convaincu que nous avons beaucoup à apprendre des observations faites dans notre atmosphère.
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