À la suite de son livre A l’aube de nouveaux horizons, un essai vivant et didactique dans lequel elle abordait tour à tour l’exploration de notre système solaire, la recherche des exoplanètes, celle des signaux extraterrestres et les types de vies qu’on espère y trouver, l’astrobiologiste Nathalie A. Cabrol nous invite cette fois-ci à explorer l’espace à la recherche de la vie dans l’univers dans L’Enigme cosmique de la vie, paru début novembre aux éditions du Seuil.
L’Enigme cosmique de la vie est un ouvrage illustré, entre autres, des spectaculaires récentes images des télescopes James Webb et Hubble. Au fil des illustrations, Nathalie Cabrol nous invite à découvrir une odyssée de la vie en nous présentant les dernières avancées de la recherche et de l’exploration de la vie dans l’Univers.
Depuis sa vocation qu’elle a eu sur les genoux de sa mère en regardant les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune en 1969, l’astrobiologiste transmet désormais cette étincelle par écrit. Pour cette nouvelle exploration de l’espace et du temps, Nathalie Cabrol nous ouvre aux secrets des différentes familles d’étoiles, de l’histoire de Mars ou encore aux mondes des océans mystérieux de notre système solaire. Plongeon dans l’incroyable singularité de ces notions que l’astrobiologiste a su rendre accessibles à toutes et tous dans ce nouveau livre.
L’Humanité fait fusion avec la Terre
Le fait de voir les choses d’un point de vue macrocosmique est un appui pour appréhender le réel dans lequel la plupart des êtres humains se noient, trop concentrés que nous sommes sur les détails. Pour Nathalie Cabrol, le premier choc de l’humanité a certainement été la vue de l’espace de notre planète : « Depuis l’espace, il n’y a pas de frontières, de génie, de race, de couleurs, on est véritablement fusionnel avec notre planète. On vient des mêmes éléments fondamentaux auxquels nous sommes formés, des mêmes choses, et on évolue avec elles. L’environnement est ce qui a amené à l’émergence de la vie sur Terre, mais la vie transforme l’environnement, comme on le sait malheureusement en ce moment ».
Rechercher la vie ailleurs
Nathalie Cabrol dirige le centre de recherche Carl Sagan de l’Institut SETI aux États-Unis, l’acronyme pour recherche d’intelligence extraterrestre. L’une des grandes questions qui demeure : sommes-nous seuls dans l’univers ? « Nous n’avons encore aucune preuve tangible. Trouver la vie ailleurs et avoir la preuve qu’il y a d’autres civilisations extraterrestres, ce serait absolument formidable pour plein de raisons, mais la seule qui ne serait pas valable, c’est d’attendre qu’ils viennent nous sortir du pétrin dans lequel nous nous sommes mis. On a besoin de s’en sortir tout seuls. Le premier bénéfice de cette recherche, c’est de se poser des questions. Ce sont des questions posées par un cerveau humain, et cela nous interroge sur notre propre nature, sur qui nous sommes et donc ça nous permet de mieux nous connaître ».
L’invité de 8h20 : le grand entretien
La surprise extraterrestre
Pour Nathalie Cabrol, trouver une vie extraterrestre est une quête qui est partie pour durer longtemps. On a aujourd’hui beaucoup plus de moyens de la chercher, de meilleurs instruments, mais si cela arrivait, nous serions très surpris : « On pense toujours à ces questions avec nos cerveaux d’humains, et notre cerveau est le produit de 4 milliards et demi d’évolution et de coévolution sur cette planète, il est formé en fonction de cette coévolution avec la Terre. Un extraterrestre va avoir sa propre coévolution, ses questions seront articulées en fonction du monde dans lequel il évolue. Chaque monde est une expérience unique. Ce serait dans tous les cas une énorme surprise ».
«L’absence de preuves n’est pas une preuve de l’absence»
Carl Sagan disait que l’absence de preuves n’est pas la preuve de l’absence. Pour l’astrobiologiste Nathalie Cabrol, avec 300 millions d’exoplanètes dans la zone habitable de notre galaxie, penser que nous sommes seuls est une absurdité statistique : « C’est même sûrement plus. À l’heure actuelle, on a un biais statistique qui est la résolution des instruments, ça veut dire qu’on trouve beaucoup de grosses planètes de la taille de la Terre, mais ça ne veut pas dire qu’elles sont habitables. Par contre, ce que ce nombre nous donne, c’est la quantité de probabilité pour des biochimies différentes et des systèmes qui soient différents des nôtres et qui marchent. Ce n’est pas simplement parce qu’il y a beaucoup de planètes, il y a autant de chances d’y avoir de la vie. C’est plus compliqué que ça ».
Des organismes extraterrestres formés d’atomes ?
Et puis il y a aussi l’espoir de découvrir des microbes et des organismes extraterrestres : « Ça fait partie des lois naturelles, la nature produit beaucoup plus de petites spécimens que de gros et qui sont plus simples que plus complexes. Si on applique cette loi de la nature à l’ensemble de l’univers, ce qui paraît probable parce qu’il y a beaucoup plus de petites planètes que de grosses. Souvent, pour plaisanter, je dis que l’univers est probablement peuplé de cyanobactéries, des petites algues bleues, parce que ce sont les choses les plus faciles et les plus rapides à créer par la nature. Apparemment, si on se fie à ce qui s’est passé sur Terre et la vie la peuplant, elle est faite de matériaux qui sont les briques de la vie, plus exactement des atomes et des molécules qui sont parmi les plus communes de l’univers. Ce n’est pas un hasard si la vie a utilisé ces matériaux, c’est parce qu’ils étaient abondants ».
«Il y a de quoi rêver tous les jours»
Dans son ouvrage L’énigme cosmique de la vie, Nathalie Cabrol parle dans son introduction de l’idée de trouver d’autres civilisations avec lesquelles partager nos émerveillements. Une idée salutaire à une époque qui en manque cruellement. Pour elle, pas besoin de science-fiction qu’elle n’aime d’ailleurs pas tellement, car il y a de quoi rêver tous les jours : « Je ne suis pas passionnée par la science-fiction et pour une bonne raison, c’est que j’ai devant les yeux tous les jours est une source d’émerveillement, de rêves, pour moi, c’est écrire le futur dans la réalité, et pas seulement dans le domaine onirique. C’est envisager l’avenir et le manifester, c’est quelque chose qui est un émerveillement renouvelé chaque jour de ma vie. Me lever le matin en me demandant qu’elle va être la prochaine découverte et jusqu’où on peut aller est un véritable bonheur ».
Des tas de promesses dans le ciel
Les photographies réalisées par les télescopes James Webb et Hubble sont hypnotiques. On aperçoit des constellations qui émergent de l’obscurité, des tourbillons de violet et de rose sur du noir, même si ces couleurs sont des filtres pour l’analyse scientifique, car en réalité, l’univers n’a pas toutes ces couleurs, ces instants capturés font rêver : « Il y a beaucoup d’espace entre ces étoiles, mais se dire que l’univers crée autant d’étoiles et qu’en moyenne, depuis qu’on a commencé à chercher les exoplanètes, on sait qu’il y a au moins une planète autour de chaque étoile. Ça donne une notion de la quantité de planètes qu’il peut y avoir dans l’univers. Évidemment, ce sont des moyennes, il y a des systèmes qui en ont quatre ou cinq et d’autres qui n’en ont pas, mais à chaque fois que vous lèverez les yeux au ciel et que vous regarderez les étoiles, pensez qu’autour de cette étoile il y a au moins une planète et des tas de promesses ».
Pour en savoir plus, écoutez l’émission…
Diffusés durant l’émission :
Claude Debussy – Nuit d’étoiles (Sabine Devieilhe, Alexandre Tharaud)
David Bowie – Life On Mars
Le choix musical de l’invitée :
The Moody Blues – Nights in White Satin
Programmation musicale :
YOA – encore + triste
BLU – Barbaric
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