Par Cédric Coppola
Kleber Mendonça Filho signe un ovni puissant et hautement émotionnel qui met en perspective le rapport entre art et résistance.
Œuvre inclassable, « Portraits fantômes » croise les genres, avec une rare maestria. Aux commandes, le Brésilien Kleber Mendonça Filho brasse à la fois le documentaire, la fiction, ses anciens films, ses souvenirs et l’histoire de sa ville, Recife, au sein d’un récit à la fois personnel et universel. Dans cette réflexion, l’artiste se met en scène, donne les clés de son cinéma, revient sur son premier long métrage, « Les Bruits de Recife », tourné dans un appartement familial, truffé de souvenirs, d’anecdotes. Il lève aussi le voile sur le dénouement de son rebelle « Aquarius »… le tout sans jamais se montrer nombriliste ou pointu.
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Au fil des minutes, le propos s’élargit. Il évoque alors la condition sociale de la cité de l’est du Brésil et parle de la salle de cinéma comme un lieu de résistance. Résistance artistique mais aussi politique, par sa capacité à réunir les gens pour écouter une parole forte, comme dans une église. À mélanger constamment la petite et la grande histoire, l’ancien critique de cinéma confronte les époques. Les mystères, tel ce fantôme qu’il cherche à capter dans ses longs métrages, flottent constamment sur des images qu’il n’a de cesse d’interroger, avec tact et délicatesse. Poignant.
« Portraits fantômes », de Kleber Mendonça Filho. Durée : 1 h 33. Sortie le 1er novembre.
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