À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Vous n’avez pas encore atteint votre quota de frayeur d’octobre? Des extraterrestres rugissants qui tourmentent leurs humains captifs et des fantômes d’acteurs défunts peu amicaux peuplent les deux nouveaux parcours labyrinthiques épeurants de La Ronde pour célébrer l’Halloween.
Certains parmi vous se souviennent-ils de la vieille maison hantée mécanique de La Ronde, appelée «Le moulin de la sorcière» et ornée sur sa façade d’un dragon rouge?
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On y circulait dans un chariot sur rails devant des automates rudimentaires plus quétaines qu’effrayants. Eh bien, cette époque est révolue.
Les deux nouvelles maisons hantées que La Ronde offre pendant son traditionnel Festival de la Frayeur d’octobre rivalisent avec le cinéma et s’en inspirent.
Il y a des références à la franchise Alien dans la toute nouvelle maison hantée «spatiale» appelée «Base en Alerte» aménagée dans ce qui était l’édifice Nintendo dans les années 1990.
Dans Base en Alerte, il n’y a pas de fantômes, mais des extraterrestres hostiles. Et vous n’avez qu’un but: fuir!
Carl Desjardins
Quant au nouveau Théâtre fantôme, agité d’esprits malheureux et tapageurs, son cachet parisien de la fin du 19e siècle lui confère un aspect pittoresque.
Les décors de Théâtre fantôme sont parfois magnifiques… contrairement aux spectres qui les habitent.
Carl Desjardins
Souvent ramanchés ingénieusement avec des morceaux d’anciens manèges vétustes, ces décors forcent parfois l’admiration.
Alors, on écarquille les yeux et on se dit: magnifique! On oublie momentanément d’avoir peur.
Du vrai théâtre
Les maisons hantées proposées en 2023 sont des pièces de théâtre réparties en plusieurs tableaux, avec une dizaine d’acteurs pour animer chacune des cinq maisons.
Devant une actrice qui joue la panique derrière une vitrine, j’ai l’impulsion d’essayer de tirer la prisonnière de là avant de me dire que, si je brise la vitre, je me ferai expulser de La Ronde pour vandalisme.
Dans les corridors, il faut parfois tâtonner, bras tendus dans l’obscurité pour trouver son chemin… en espérant que personne ne surgira soudainement en hurlant (ce qui arrive quelques fois).
Deux visiteuses françaises très hurleuses se sont peureusement réfugiées derrière moi pendant les parcours hantés. Mais comme les surprises surgissent souvent d’en arrière, elles ont eu plus que leur quota de frayeur. Bien fait pour elles!
Comme des scénarios de film
«Je bâtis les maisons hantées comme des scénarios de films d’horreur où il y a des moments de surprise et d’effroi, des moments plus tranquilles, parfois deux surprises coup sur coup», dit Paul-Patrick Hébert, le Grand Manitou des cinq maisons hantées.
«On travaille depuis l’hiver dernier à nos deux nouvelles maisons, c’est un travail d’équipe de longue haleine.»
«Avec Base en Alerte, on est allés dans un domaine encore inexploré pour nous, les extraterrestres, pour faire peur sans l’aspect surnaturel», ajoute Martyne Gagnon, une vétérane de La Ronde qui dirige le Festival de la Frayeur.
En plus des deux nouveaux parcours, trois autres maisons hantées des années passées sont produites à nouveau: il y a «Cauchemars» (un long mauvais rêve angoissant), «Cirque Diabolique 3D» (avec de méchants clowns) et «La Ferme Maudite» (en plein air, qui ouvre seulement le soir).
À 17h30, un spectacle appelé L’Éveil est présenté. Une quarantaine de monstres sortent et dansent à la mode de Thriller de Michael Jackson avant de se diriger dans la foule pour «effrayamuser» les enfants.
Il y a de nouveaux monstres: la sanglante Angélique, bâtie sur le modèle de Carrie, le majestueux Roi Squelette, qui impressionne beaucoup les enfants, la Momie, munie d’une massue, et la Poupée de porcelaine, qui semble sortir d’un film d’horreur nippon.
Entendre les enfants rire et crier pendant qu’ils courent autour des monstres nous plonge dans une ambiance halloweenesque franchement réjouissante.
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